Une dynamique soutenue pour les applications de santé numériques en Allemagne
Les solutions digitales dédiées à la santé connaissent une montée en puissance en Allemagne, notamment grâce à une large adoption des applications remboursées par l’assurance maladie. Parmi celles-ci, certaines permettent aux patients diabétiques de surveiller leur taux de glycémie, tandis que d’autres abordent des problématiques telles que la santé mentale, l’obésité ou le sevrage tabagique.
Le dispositif des DiGA : une innovation pionnière en Europe
Depuis 2020, l’Allemagne s’impose comme un leader européen dans le domaine de la santé numérique avec le déploiement des appareils désignés sous l’acronyme DiGA, signifiant « Digitale Gesundheitsanwendung » ou « application numérique de santé ». Ces outils, pouvant être prescrits par un médecin pour une période initiale de trois mois, visent à répondre à une variété de besoins de santé, offrant notamment des accompagnements, des informations médicales, des échanges en ligne avec des professionnels ou encore des séances de méditation.
Usage et adoption par les professionnels de santé
Selon une étude de la Fédération des fabricants de soins numériques, plus d’un million d’ordonnances ont été délivrées en cinq ans, avec près de 60 % des médecins allemands les ayant prescrites. Cependant, une partie importante des praticiens, environ 75 %, ne sont pas encore familiarisés avec ces applications, ce qui pourrait limiter leur déploiement à plus grande échelle. À Francfort, le Dr Johannes Patze prescrit presque quotidiennement ces outils, principalement pour la santé mentale, afin de pallier les délais d’attente pour un rendez-vous avec un spécialiste.
Les enjeux financiers et leur impact sur le système de santé
Les applications de santé numériques représentent un investissement conséquent pour l’assurance maladie allemande, avec une dépense moyenne estimée à 600 euros par patient pour une période de trois mois, totalisant près de 234 millions d’euros remboursés depuis 2020. Des critiques s’élèvent, notamment sur le coût élevé de ces solutions, jugé parfois excessif, et sur le manque de preuves établies quant à leur efficacité clinique. Néanmoins, certains experts, comme le Dr Patze ou Henrik Matthies, estiment que ces outils pourraient, à long terme, contribuer à une meilleure prise en charge des patients et à une réduction des coûts globaux en permettant une réintégration plus rapide dans la vie professionnelle.
Une procédure d’autorisation rapide, un exemple pour l’Europe
Le succès allemand repose aussi sur un processus d’évaluation accéléré : en seulement trois mois, une application peut obtenir une autorisation provisoire valable un an, pendant lequel ses bénéfices cliniques doivent être confirmés. Cette approche, remarquable dans un système traditionnellement réputé pour sa bureaucratie et sa prudence, a permis depuis 2020 la validation de 43 dossiers, sur un total de 228 déposés, dont 13 sont encore en cours d’évaluation.
Une influence passeport pour d’autres pays européens
Le modèle allemand sert aujourd’hui de référence pour des pays comme la Belgique, le Royaume-Uni ou la France, qui ont lancé leurs propres initiatives pour encadrer la télésurveillance et la numérisation des soins. En France, par exemple, une procédure simplifiée appelée « Pecan » a été instituée en 2023, mais seuls trois dispositifs ont obtenu un remboursement, en dépit de refus pour plusieurs applications mobiles, y compris celles conçues par la start-up Hello Better. Un accord signé en juin dernier entre Berlin et Paris cherche à harmoniser ces démarches d’évaluation afin de faciliter l’introduction de nouvelles solutions numériques dans le système de santé européen.