Femina 2025 : Nathacha Appanah récompensée pour La nuit au cœur

Le prix Femina 2025 a été attribué à l’auteure Nathacha Appanah pour son roman La nuit au cœur, publié en août chez Gallimard. Le jury, entièrement féminin et composé de douze membres, a porté son choix au second tour sur ce titre, écartant quatre autres romans de la dernière sélection: La maison vide (Laurent Mauvignier), Au grand jamais (Jakuta Alikavazovic), Un mal irréparable (Lionel Duroy) et Le monde est fatigué (Joseph Incardona).

La remise du Femina 2025 s’est faite au musée Carnavalet-Histoire de Paris, à la veille des prix Goncourt et Renaudot — pour lesquels La nuit au cœur est également retenu — et deux jours avant le Médicis.

Selon l’auteure, cette distinction d’automne est particulièrement significative; « c’est mon douzième livre et mon premier grand prix », a-t-elle déclaré à l’AFP. Elle précise que l’ouvrage l’a mobilisée sur une longue période et qu’il explore notamment la noirceur et la dynamique de la violence.

Une emprise physique et morale au cœur du récit

Le roman met en lien une expérience d’emprise vécue à 17 ans avec des féminicides.

La première victime évoquée est Chahinez Daoud, mère de trois enfants, brûlée vive par son mari à Mérignac près de Bordeaux en 2021. L’affaire a suscité un large retentissement et relancé le débat sur la prise en charge des femmes victimes de violence domestique; en France, une femme meurt tous les trois jours sous la violence d’un conjoint ou ex-conjoint.

Le récit mentionne aussi Emma, cousine de l’auteure et mère de trois enfants, assassinée par son mari en 2000 à l’île Maurice. Enfin, Nathacha Appanah relate sa propre fuite, pieds nus, face à un compagnon violent et paranoïaque avec lequel elle a vécu jusqu’à l’âge de 25 ans à l’île Maurice.

La démarche du roman décrit ce que l’auteure appelle une « mécanique de l’emprise physique et morale », comprenant insultes, agressions, isolement, surveillance et contrôle des relations et des choix, manipulations et chantages.

Une œuvre à la croisée des genres et du témoignage

À travers ces nuits et ces vies de femmes, le livre affirme la nécessité de les écrire et de les regarder en face, selon l’auteure.

Par ailleurs, La nuit au cœur retrace aussi le processus de sa création: l’enquête, les rencontres avec les proches des victimes et les hésitations qui l’ont parfois accompagnée, comme une tension entre le constat et l’espoir dans le travail littéraire.

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