Le fabricant suisse Victorinox, connu mondialement pour ses couteaux de poche multifonctions, fait face à de nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis. Considéré comme son premier marché d’exportation, ce pays représente un enjeu stratégique pour l’entreprise basée à Ibach (SZ), près du lac des Quatre-Cantons.
Impact immédiat des surtaxes douanières
Depuis la semaine dernière, des droits de douane de 39% frappent les produits suisses exportés vers les États-Unis, un niveau bien supérieur aux 15% appliqués aux biens européens ou japonais. Selon le directeur général de Victorinox, ces mesures constituent un défi d’envergure, bien que l’entreprise ait anticipé ce changement en augmentant ses stocks avant leur entrée en vigueur. Grâce à cette stratégie, la société estime que la hausse des coûts restera « gérable » en 2024 et qu’aucune augmentation de prix n’aura lieu avant la fin de l’année.
Perspectives et incertitudes à moyen terme
Si les droits de douane venaient à être maintenus, Victorinox prévoit que les surcoûts pourraient atteindre jusqu’à 13 millions de dollars par an à partir de 2026. Le dirigeant souligne que cette situation se combine à un contexte défavorable marqué par l’affaiblissement du dollar face au franc suisse. Ces éléments posent donc un risque important pour la compétitivité de la marque sur le marché américain.
Relocalisation : une option écartée
Interrogé sur la possibilité de transférer certaines étapes de production, le patron de Victorinox précise que la fabrication des couteaux de poche restera ancrée en Suisse, élément central de l’identité de la marque. Des ajustements limités, tels que le nettoyage final ou le conditionnement des couteaux professionnels, pourraient toutefois être effectués sur place aux États-Unis pour atténuer une partie des coûts.
Chiffres-clés et importance du marché américain
En 2024, Victorinox a enregistré un chiffre d’affaires de 417 millions de francs suisses. Les États-Unis représentent 13% des ventes totales et jusqu’à 18% pour les gammes professionnelles et de cuisine. Cette forte dépendance commerciale explique pourquoi la société travaille étroitement avec ses équipes locales pour évaluer d’éventuelles hausses tarifaires dès l’an prochain.
Une marque solidement ancrée dans l’imaginaire collectif
La popularité de Victorinox aux États-Unis doit aussi beaucoup à la culture populaire. La série télévisée MacGyver, diffusée dans les années 1980 et 1990, a contribué à asseoir la notoriété du couteau suisse, souvent représenté comme un outil indispensable pour sortir de situations complexes.
Alors que l’entreprise doit composer avec de nouvelles contraintes économiques, son dirigeant insiste sur l’attachement historique à ses racines helvétiques, rappelant que Victorinox reste engagé autour de son site d’Ibach, où l’aventure a débuté en 1884.