Des termes tels que lean et toned circulent sur TikTok, Instagram et Pinterest, accompagnés d’images de femmes minces en tenues de sport sur le Reformer. L’admiration est une réaction prédominante dans les commentaires.
Contexte et perception sur les réseaux sociaux
Les adeptes de l’esthétique dite «Pilates Princess» obtiennent des likes grâce à la posture et à l’impression de muscles longs et fins, avec des abdos en béton. C’est l’idée véhiculée par la tendance du corps de Pilates. Mais il faut distinguer réalité et marketing.
La réalité en Suisse et les attentes créées par la tendance
Rima, propriétaire du studio Trunk Pilates à Zurich et pratiquante depuis plus de huit ans, observe que la demande croît, mais que les attentes restent souvent illusoires. « Je n’ai jamais eu de cliente qui m’ait dit vouloir ressembler à une danseuse, mais on le perçoit souvent entre les lignes », affirme-t-elle. Certaines clientes cherchent à sculpter leur corps et à obtenir des muscles longs et fins.
Le corps de Pilates surfant sur les réseaux sociaux diffère largement de la réalité en studio. L’idéal est généralement une femme grande, avec de longs membres, un faible pourcentage de graisse et une légère définition musculaire, des traits qui dépendent surtout de la génétique.
Génétique et limites du développement musculaire
Selon le professeur de kinésiologie William Kraemer, les muscles ne peuvent pas s’allonger: leur longueur est déterminée génétiquement. Une silhouette affichant une musculature définie reflète souvent un faible taux de graisse et une alimentation appropriée, plutôt que des muscles allongés.
Le Pilates peut modifier les schémas de posture et de mouvement, renforcer les muscles profonds, améliorer la tonicité et soulager la colonne vertébrale. En revanche, il n’entraîne pas une masse musculaire importante, n’allonge pas les muscles et n’aide pas directement à la perte de poids. « Si l’objectif est la perte de poids, il faut aussi agir sur l’alimentation; le Pilates améliore la force, la posture et le bien-être », précise l’enseignante.
Conscience corporelle et bien-être
Son véritable atout réside dans l’amélioration de la perception du corps: de nombreux clients rapportent après quelques mois ne plus avoir mal au dos, une démarche plus droite ou davantage de force. « J’entends souvent des jeunes femmes qui expliquent que le Pilates leur a donné confiance en elles », confie-t-elle. Pour elle, c’est le plus bel effet.
Histoire et pratique du Pilates
Inventé dans les années 1920 par l’Allemand Joseph Hubertus Pilates, boxeur et gymnaste, le Pilates visait initialement à aider policiers et danseurs dans la régénération et la prévention des blessures. Installé à New York, il a rapidement trouvé un écho dans le monde du ballet et du fitness. Aujourd’hui, on pratique le Pilates sur tapis ou sur des appareils comme le Reformer. Les mouvements, contrôlés et fluides, visent surtout le tronc et la stabilité, plutôt que le développement massif de muscles. Le Pilates est considéré comme doux pour les articulations et est utilisé en physiothérapie, tout en faisant partie de la culture lifestyle du fitness.
Le professeur Kraemer rappelle que l’impression d’être « plus grand » vient moins d’un allongement musculaire que du soulagement de la colonne et d’une meilleure posture.
Coûts et accessibilité en Suisse
La pratique peut coûter jusqu’à 70 francs par séance. Dans la pratique, un cours collectif sur Reformer se situe en moyenne autour de 45 francs, les studios soignant leur cadre esthétique propice au partage sur les réseaux sociaux.
Pour Rima, l’essentiel est clair: le Pilates ne transforme pas en ballerine, mais il peut rendre plus droit, plus fort et plus satisfait – et c’est là que réside son véritable effet.
Conclusion
Le Pilates offre une amélioration de la posture, de la force et du bien-être, sans pour autant concourir aux idéaux ultrafins véhiculés par certaines campagnes marketing. Le recul scientifique et l’expérience en studio permettent de distinguer réalité et marketing sur les réseaux sociaux.